1/ La genèse du "mythe" du "roi arthur".
On ne sait pas grand chose sur l'histoire de la Grande Bretagne post-romaine. Ce grand "vide" historique sur la période courant entre 400 et 700 après JC est à la fois terriblement "excitant" et frustrant. En effet, l'historien n'a pas grand chose sur quoi s'appuyer pour développer ses thèses :
- Les vestiges archéologiques qui auraient pu nous aider à en savoir plus sur la transition entre l'empire romain et les royaumes saxons sont rares (à l'époque, on construisait surtout en bois, et, le pays étant humide, il n'en reste pas grand chose).
- Les textes sont rares également. Concernant les Bretons, peuple qui a finit par être vaincu par les envahisseurs saxons, on n'a guère que des récits oraux qui n'ont été fixés par écrit que plusieurs siècles après leur composition supposée. Pas évident, dans ces circonstances, de leur faire confiance. D'autant que les généalogies que ces textes présentent sont parfaitement contradictoires. Un vrai casse tête. Quelques textes "contemporains" proviennent aussi d'historiens "étrangers", tels que le byzantin Procope. Mais la documentation reste pauvre.
On ne sait donc qu'une chose avec certitude : Vers 400-450, les dernières légions romaines ont définitivement abandonné la Grande Bretagne. Les Pictes et pirates Scots en ont immédiatement profité pour lancer des raids contre cette province livrée à elle même. Comme dans le reste du monde romain, les puissants ont tenté de jouer la carte du "barbare contre barbare" pour sauver ce qui pouvait encore l'être. Ils ont fait appel à des mercenaires saxons pour se protéger. Mais lesdits mercenaires se sont vite averés pires que ceux contre lesquels ils avaient été appelés. Peu à peu, les saxons ont grignotté le territoire britannique, annihilant toute trace de culture romaine sur leur passage.
Et puis un beau jour, un type s'est dressé contre eux. Le moine Gildas (De Excidio Britaniae) le nomme "Ambrosius Aurelianus". Suite à son intervention, les Bretons ont repoussé les Saxons tant et si bien que Gildas, à son époque, disait la guerre "gagnée".
Pourtant un siècle plus tard, les Bretons ne tenaient plus que la Cornouailles et les Galles. Que s'est-il donc passé exactement ? Qui était Ambrosius Aurelianus ? Qui était ce "Arthur" qu'on dit vainqueur du mont Badon ?
C'est historique et c'est un mystère. Insoluble en l'état actuel de la recherche, mais d'autant plus interessant.
L'hypothèse qui aurait ma préférence ? "Arthur" serait un lieutenant celte d'Ambrosius Aurelianus qui aurait poursuivi la lutte pour son propre compte après la mort du chef.
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Sur les autres "énigmes" proposées par les Q-ristes :
- Bête du Gévaudan : Très bon choix ! Voilà une histoire bien glauque et averée sur laquelle on n'a jamais vraiement eu le fin mot.
- Atlantide : Ce n'est pas de l'histoire, mais un mythe. Il suffit de se pencher sur ses sources (Platon) pour le comprendre. Platon utilisait des mythes pour illustrer ses propos, l'Atlantide en est un, et à travers lui, il critique sa propre cité, Athènes, une puissance navale (comme l'Atlantide supposée) qui déchoit du fait de sa propre puissance (comme Athènes à déchu politiquement face à Sparte, et moralement en condamnant le maitre de Platon, le juste par excellence, Socrate). De son temps, n'importe quel Grec le comprenait au premier coup d'oeil. Puis avec le temps, cela s'est perdu et on s'est mis à croire que Platon, qui n'est pourtant pas un historien, décrivait vraiment un continent disparu.
Ceci étant dit, le cataclysme destructeur de l'Atlantide a, lui, tout a fait pu être inspiré par des évenments historiques tels que l'effondrement de l'île de Santorin.
- Les Triangle des Bermudes : Historique, sans doute. Mysterieux, c'est une autre affaire. En effet, des statisticiens ont démontré que le nombre de disparitions dans cette zone n'était pas anormale par rapport à l'intensité du traffic qui y transitait. Bref, le Triangle des Bermudes serait un endroit comme les autres ...
Et si les médias avides de sensationalisme ne s'en étaient pas mêlés, on n'en aurait jamais entendu parler.
- Le "toucher des écrouelles" - "Le roi te touche, Dieu te guerit".
Pas de mystère là encore. Les "écrouelles" font partie de ces maux qui régressent spontanément sans raison apparente. Sur la masse des personnes touchées par le roi de France (ou pas touchées d'ailleurs, c'est indifférent), certaines voyaient donc naturellement leur ganglion régresser soudainement. De là à croire que c'est le roi qui les avait sauvé, il n'y avait qu'un pas que nombre d'âmes crédules s'empressèrent de franchir !
Pour la petite histoire (humoristique) la phrase magique du roi était à l'origine "le roi te touche, Dieu te guerit". Mais après la Restauration, le roi changea la sentence en un plus prudent "Le roi te touche, Dieu te guerisse !". Fini le "contrat de confiance" en quelque sorte ! Autres temps, autres moeurs !
PS : L'intervention d'Eoredd est très pertinente, comme souvent.
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@ Iris F - si elle repasse par là : Tu as sans doute lu les oeuvres de Claude Lecouteux au sujet de l'histoire des vampires. Sinon, voilà l'interprétation que personnellement j'en retire :
Le "vampire" est une figure du revenant. Bien avant le XVIIIème siècle, les chroniques savantes et populaires mentionnaient déjà des proto-vampires. C'est le cas des succubes et incubes de l'Antiquité, et, dans le monde nordique/saxon, des cauchemars ("night mares" - cf. le célèbre tableau de Fussli) et revenants mentionnés par les sagas islandaises (trad. R.Boyer, collection La Pléiade - je pense notamment à ses vikings morts caractérisés par leur force prodigieuse et leur appétit inextinguible).
Finalement, le "tournant" du XVIIIème a simplement été de codifier la figure du vampire et d'en faire un suceur de sang (et plus seulement un suceur d'énergie/de vie).
Pourquoi vampires (et loups garous) ont ils été rattachés dans la croyance populaire à la fertilité des champs ? Parce qu'ils relèvent du monde des morts et des ancêtres, univers auquel les hommes ont longtemps rendu un culte en échange de protection et de prospérité. A ce niveau, tu peux rattacher le "vampire" aux figures bien connues du lutin à qui on laissait des offrandes dans nos campagnes. Le mort, créature du monde chtonien avait, aux yeux des gens de l'ancien temps, pouvoir sur les produits du sol, aussi bien en positif qu'en négatif.
J'espère que cette intervention t'apportera de nouvelles pistes de recherche.
Bien cordialement. J.F