L'Empire ottoman subit une première défaite en 1571, à Lépante, où sa flotte fut détruite par une ligue européenne réunissant l'Espagne, Rome, Venise et Malte, qui réagissait à la chute de Chypre un an auparavant. Cette défaite n'eut pas de conséquences immédiates. Cependant, elle marquait un tournant dans l'histoire de l'empire. À partir de 1622, lorsqu'Osman II (1618-1622) fut assassiné par les janissaires, l'autorité des sultans fut contestée à la fois par ceux-ci et par les vizirs, qui exercèrent le pouvoir de fait. De 1656 à 1710 régna une dynastie de grands vizirs, les Koprolu.
Le déclin qu'entama l'empire au XVIIe siècle tenait autant aux désordres intérieurs qu'à l'essor de la puissance occidentale, militaire mais surtout économique. Le courant des échanges s'inversa, l'Occident exportant désormais ses produits manufacturés vers l'empire, qui avait par ailleurs perdu le monopole du commerce avec les Indes, avec l'utilisation de la route maritime du cap de Bonne-Espérance. Après l'échec du second siège de Vienne (1683), la lutte entre les Habsbourgs et les Ottomans tourna à l'avantage de l'Autriche. Les Autrichiens entrèrent en Serbie et en Bosnie, après leur victoire à Mohács, en 1687. Mustafa II (1664-1703), ayant été vaincu en 1697, fut contraint de signer le traité de Karlowitz, premier traité défavorable aux Ottomans, qui perdaient la Hongrie et la Transylvanie, cédées à l'Autriche, la Podolie prise par les Polonais, la Morée et la Dalmatie abandonnées à Venise. Les territoires balkaniques furent cependant récupérés par les Ottomans et la paix de Sitova, consacrant le statu quo, en 1791, mit fin aux guerres austro-turques.
L'ennemi principal était désormais la Russie, avancée jusqu'en Crimée. Une première guerre, de 1736 à 1739, se solda en faveur de l'Empire ottoman, la France — qui bénéficiait depuis l'alliance entre François Ier et Soliman le Magnifique d'un régime commercial spécial dans l'empire (régime des capitulations) — étant intervenue auprès des Russes. Mais un nouveau conflit, déclenché par les Ottomans, en 1768, favorisa la progression de la Russie. Celle-ci, étant intervenue pour soutenir le soulèvement des Grecs en Morée, détruisit la flotte ottomane près de Smyrne. La puissance maritime ottomane s'effondrait définitivement. Surtout, en 1774, Abdülhamid Ier fut contraint de signer la paix de Kutchuk-Kaïnardji, par laquelle la Russie obtenait la Crimée, la libre navigation en mer Noire et en Méditerranée, et devenait la protectrice officielle des chrétiens orthodoxes. Ce traité permettait donc aux Russes d'intervenir dans les affaires ottomanes, marquant le début de la question d'Orient. Désormais, les grandes puissances européennes allaient s'affronter autour de l'empire déclinant.
Tentatives de réforme
Face à la menace de démantèlement de l'empire, les sultans réagirent et voulurent réformer l'État. La tentative de Sélim III (1789-1807) de réorganiser l'armée aboutit à son assassinat par les janissaires. Durant son règne, l'Égypte, après l'expédition de Bonaparte (de 1799 à 1801), était passée sous le contrôle de Méhémet Ali, vassal turbulent. La Syrie avait proclamé son indépendance!; les wahhabites s'étaient révoltés au Hedjaz, de même que les Serbes dans les Balkans. En 1826, Mahmud II fit massacrer les janissaires et put alors entreprendre la modernisation de l'administration et de l'instruction publique. Il forma une armée de conscrits payés et disciplinés. Cependant, la guerre d'Indépendance grecque, commencée en 1821, devait avoir de graves conséquences. Elle suscita une intervention concertée des puissances européennes contre les Ottomans, encourageant Méhémet Ali, appelé à la rescousse par le sultan, à se libérer de la suzeraineté ottomane. Signé en 1829, le traité d'Andrinople consacrait l'indépendance grecque et l'autonomie serbe, accordait à la Russie la libre navigation à l'embouchure du Danube et dans la mer Noire. En 1832, l'armée égyptienne, menée par Ibrahim Pacha prenait la Palestine et la Syrie, et assiégeait Constantinople. Il falllut l'aide des Russes pour sauver la ville.
L'intervention diplomatique de l'Angleterre ayant momentanément freiné les ambitions russes, Abdülmacid Ier (1839-1861) put poursuivre la politique de réforme (Tanzimat). La Justice fut laïcisée et l'égalité de tous les sujets ottomans, musulmans ou non, proclamée. Cette décision devait accélérer l'éclatement de l'empire, en suscitant de violents conflits entre musulmans et non-musulmans. Alors qu'à l'issue de la guerre de Crimée le traité de Paris, signé en 1856, avait préservé, contre les appétits russes, l'intégrité territoriale ottomane mais consacré l'intervention des Européens, en 1860, s'élevèrent de toutes parts des révoltes, dont chacune allait contribuer au démembrement de l'Empire ottoman. La révolte des Druzes, en 1860, et le massacre perpétré contre les chrétiens maronites au Liban, provoquèrent l'intervention militaire de la France dans le pays, qui passa sous domination française. En 1875 et 1876, la Bosnie, la Bulgarie, la Serbie et le Monténégro se soulevèrent à leur tour. Les troupes irrégulières musulmanes (les bachibouzouks) ayant répondu par un massacre des chrétiens, la Russie intervint en 1877.
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